Patrimoine
En 2012, à la demande de la municipalité, Mme Léonore Virion, étudiante en Animation et Valorisation des Patrimoines architecturaux et artistiques, a procédé, avec l'appui de nombreux habitants de la commune, à une recension et une évaluation des différents sites patrimoniaux de Brennilis. Le présent descriptif patrimonial de la commune reprend en grande partie le remarquable travail réalisé par Mme Virion.
Un brin d'Histoire
Malgré une situation géographique a priori peu favorable, la commune de Brennilis [du breton bret. bren, colline, et iliz, église (la colline de l'église)] possède un riche patrimoine culturel grâce à une présence humaine précoce et continue. En effet, Brennilis a été occupée dès le mésolithique9600 à 6000 ans avant JC , les traces antiques les plus visibles nous venant du néolithiqueentre 6000 et 2200 avant notre ère . L’étude d’autres empreintes a permis de démontrer avec certitude l’occupation du site de Brennilis à l’époque médiévale. Enfin, pendant une partie de l’Ancien Régimedu 16e siècle jusqu'à la Révolution française en 1789 , les habitants de la commune furent dominés par les seigneurs avoisinants, notamment par ceux du Rusquec, faute de métairies nobles sur le territoire. Les seules traces montrant l’existence d’un possible manoir dans la commune ont été relevées à Kerranouvillage situé à l'est de la commune . La population de Brennilis était composée de fermiers, marchands ambulants ("pilhaouers") et paysans. Le sol rendant l’agriculture impossible sur une grande partie du territoire, l’économie du village reposait essentiellement sur le commerce de la toile et l'exploitation des tourbières, cela jusqu’aux années 1930 et l'électrification avec la construction du barrage et la réalisation du réservoir Saint Michel. Brennilis s’édifia en commune en 1884 et fonda son école en 1885 (image ci-contre école d'antan et de nos jours).
Le bourg fut desservi pendant plusieurs décennies par le train reliant Rosporden à Plouescat ("train patates")Mise en service en 1912 cette ligne fut fermée en 1934 . Cependant, la pauvreté des sols et des habitants entraîna une forte émigration dès le début du XXè siècle au cours de laquelle la jeunesse alla chercher fortune en ville. Néanmoins, l’activité économique de la commune s’accrut avec l’arrivée de la première centrale nucléaire française en 1963, maintenant en cours de démantèlement. Aujourd’hui, Brennilis entreprend un tournant dans sa politique culturelle en cherchant à valoriser son patrimoine riche mais parfois oublié.
Patrimoine religieux
Église et chapelles
L'église de Brennilis date du XVè siècle. Elle a été récemment restaurée et est classée en tant que Monument Historique, ce qui lui confère une protection particulière.
On trouve à l'intérieur sept panneaux polychromes datant du XVIIème siècle, de nombreuses statues de saints comme celle de Saint David ou Saint Yves, saint patron des Bretons ainsi qu'une croix processionnelle en argent datant de 1650. Cette église possède aussi de remarquables vitraux dont un relativement rare représentant la Vierge Marie dans le ventre de Sainte Anne.
Il existaient également deux chapelles à Brennilis, mais il ne reste que les vestiges d'une seule située à Kermorvan. Selon les dires, elle aurait été édifiée au début du XXè siècle par un habitant du village dans le but de construire un abri à une statue de la vierge Marie qu'il aurait trouvé dans un champ. Le curé de Brennilis venait y dire la messe une fois par semaine et la tradition voulait que cette chapelle soit décorée de fleurs au mois de mai. Elle fut malheureusement abandonnée au cours des années soixante.
Les sites suivants permettent de tout connaitre sur l'histoire et l'architecture de notre église :
- -Le blog de Jean-Yves Cordier
- -Inventaire du Patrimoine Culturel de Bretagne
- -Le site de Mr Jean-Claude EVEN
L'église reste ouverte aux visites toute l'année, sur demande à la mairie.
Croix et calvaires :
On retrouve sur la commune quelques croix et calvaire, témoins de la forte présence religieuse qui a longtemps marqué la région Bretagne. Brennilis a la chance de posséder notamment deux somptueux monuments tous deux classés Monuments Historiques. Il s'agit de la croix du cimetière qui date du début du XVIIè siècle, attribuée au sculpteur landernéen Roland Doré et du calvaire situé au moulin de Kerstrat sur lequel figure une Piéta, comme sur la croix du cimetière (voir photo), ainsi qu'une représentation du Père Éternel. Enfin, on peut noter la présence de quelques croix plus anciennes comme celle de Kerflaconnier qui pourrait être une stèle mégalithique christianisée à l'époque médiévale par l'ajout du Christ sur la partie supérieure du monument.
Une croix monolithique est située au sud du cimetière. Elle est en bon état et daterait du XVIème siècle. Le Christ en croix y est représenté. Elle provient à l'origine de la place du bourg comme en témoigne l'ancienne photo ci-après.
Patrimoine archéologique
Dès la fin des années 1970, des campagnes de fouilles furent effectuées à Brennilis, révelant un patrimoine en grande partie inconnu et inestimable. Cependant, quelques sites visibles avaient déjà attirés l'attention des érudits locaux, comme c'est le cas pour le dolmen de Ty Ar Boudiged (la "maison des lutins" ou la "maison des fées").
Des fouilles, placées sous la direction de Pierre Gouletquer, ont mis au jour sur la presqu'île de Brennilis des traces d'habitations datant du mésolithique. D'autres ont révélées à Karhaes Vihan, près de Ploenez, des vestiges datant de l'époque médiévale qui ont permis de mieux comprendre le fonctionnement des mode de vie des sociétés rurales. On retrouvait par exemple une forme typique d'habitat mixte dans laquelle humains et animaux cohabitaient sous le même toit. Ce mode de vie perdurera à Brennilis du Xè siècle, date à laquelle le hameau de Ploenez fut le centre d'une paroisse primitive, jusqu'à son abandon à la fin du XIVè siècle. Malgré le fait que ces diverses marques d'habitations ne soient plus visibles aujourd'hui, d'autres le sont toujours. En effet, on dénombre à Brennilis beaucoup de tumulus, de dolmens ou de menhirs, comme la célèbre allée couverte de Ty Ar Boudiged.
Ce dolmen néolithique de treize mètres de long est désigné comme étant une sépulture en "V" à cause de sa forme évasée. Le site a bénéficié d'une campagne de fouilles mise en place par le conseil général en 1991. Il a ensuite été inscrit Monument Historique en 1995. Comme autres traces visibles, on a également l'alignement des menhirs de Leintan, dont un seul menhir sur cinq est encore debout. L'ensemble des menhirs a d'ailleurs été inscrit en tant que Monument Historique.
Enfin, de nombreux tumulus ont été répertoriés sur l'ensemble de la commune.Beaucoup d'autres sites ont été fouillés, faisant de Brennilis un lieu stratégique pour la compréhension de l'évolution des modes de vie au cours des différentes périodes historiques.
Les sites majeurs sont aujourd'hui protégés au titre de Monuments Historiques ou grâce à la mise en place de Zones de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager.
On peut voir également le Dolmen de Bréach’illis situé en bordure Est du cimetière.
Patrimoine naturel
A l'Ouest de la commune de Brennilis et au Nord du réservoir Saint Michel se trouve la tourbière du Venec qui s'étend sur 48 hectares.
Les tourbières des monts d'Arrée, y comprit celle du Venec, furent exploitée pour le chauffage domestique jusqu'au début des années 1950.
Puis, dans les années 1980, la tourbière du Venec failli passer entre les mains d'un industriel, et après une étude démontrant l'intérêt patrimonial du site indéniable, la tourbière fut classée Réserve Naturelle du Venec en 1993 puis Zone Natura 2000.
Son intérêt vient notamment du fait qu'elle soit l'unique tourbière bombée encore active en Bretagne.
Elle abrite également une faune et une flore rare qui bénéficient aujourd'hui d'une intelligente politique de sauvegarde et de mise en valeur.
Grâce à un circuit de randonnée proposé par la Maison de la réserve naturelle et des castors située au bourg de Brennilis, vous pouvez apercevoir de nombreux trésors comme l'orchidée tachetée, une plante carnivore appelée le rossolis, des lézards vivipares ou encore des libellules noires.
Plus d'info sur notre page dédiée à la réserve du venec
Patrimoine vernaculaire
Brennilis a su conserver bon nombre d'éléments appartenant à son petit patrimoine local composé de puits, de lavoirs, de fontaines ou encore de superbes habitations ...Ces divers constituants font partie intégrante de l'identité et de la culture régionale, c'est pourquoi nous parlons ici de patrimoine vernaculaireEnsemble des constructions à usage fonctionnel et liés à la vie quotidienne dans le passé . On retrouve le même type de petit patrimoine dans les communes alentours, comme à Loqueffret, Huelgoat ou Brasparts. Tous ces éléments participent à la richesse culturelle de la région, mais il faut avoir quelque fois un sens de l'observation affuté pour dénicher ces petits joyaux qui se cachent parfois au creux des talus ou des jardins. De part son caractère omniprésent, l'eau joue un rôle essentiel dans la région des monts d'Arrée, y comprit à Brennilis. On retrouve beaucoup de moulins, comme à Brasparts, à Mardoul, à Brennilis ainsi qu'un ancien complexe hydraulique mit en place par les moines cisterciens au Relec.
La commune de Brennilis est irriguée par la rivière de l'Elez, un affluent de l'Aulne ainsi que par plusieurs ruisseaux qui alimentent le réservoir Saint Michel et qui procurent une eau de source de qualité. On dénombre dans la commune plus d'une vingtaine de puits privés ou publics, une dizaine de lavoirs ainsi que sept ponts et passerelles.Les puits et lavoirs furent utilisés quotidiennement jusqu'au début des années soixante, date à laquelle l'eau courante fut installée à Brennilis. On pouvait avoir plusieurs puits dans un même village mais dans le cas contraire les habitants des hameaux se partageaient l'eau du même puits, qu'il soit privé ou non.
Les femmes étaient chargées de laver le linge au lavoir le plus proche, après l'avoir préalablement fait bouillir dans une lessiveuse. En raison de l'extrême pauvreté de la région, certaines femmes gagnaient leur vie uniquement en lavant du linge pour des particuliers. La tâche était très rude et contraignait ces dames à laver à genoux dans une caisse, afin d'éviter qu'elles ne soient mouillées. La plupart des ponts furent reconstruits au XIXè siècle et permettaient de franchir plus aisément les ruisseaux mais surtout l'Elez qui matérialise la frontière entre les communes de Brennilis et de Loqueffret.
La passerelle la plus ancienne se situe sur l'Elez, au Sud de Cosforn. Elle fut bâtie au Moyen-Age à l'aide d'immenses dalles de granit datant certainement d'une époque plus ancienne.
Les autres ponts ont une morphologie similaire entre eux. Ils sont composés de pierre de taille de granit et de moellons de schiste formant une ou plusieurs arcades supportées par des piles de forme circulaire.
Date de dernière mise à jour : 20/09/2022